Depuis 80 ans, Baumanière incarne l’élégance discrète et l’art de vivre provençal. Ce havre de paix baigné de lumière célèbre la beauté minérale et sauvage des Baux-de-Provence.
Fondée en 1945 par Raymond Thuilier, cette maison emblématique est aujourd’hui portée par Jean-André Charial et son épouse Geneviève, garants d’un héritage d’exception.
L’Oustau de Baumanière, table étoilée du domaine, a retrouvé sa troisième étoile Michelin en 2020 sous l’impulsion du chef Glenn Viel. Une étoile verte et un 19/20 au Gault&Millau témoignent aussi de son engagement durable et de sa virtuosité culinaire.
Le domaine décline son art de recevoir dans 53 chambres et suites réparties entre bastides, manoirs et la nouvelle Maison de Famille privatisable. En 2024, l’hôtel a été couronné des «3 Clefs Michelin», consacrant la qualité de son accueil. À La Cabro d’Or, l’expérience se fait plus champêtre, avec une cuisine gourmande labellisée «Green Food». Baumanière rayonne également à travers Le Prieuré à Villeneuve-lès-Avignon et Le Strato à Courchevel.
Le Spa, havre de 500 m², marie soins Sisley et essences provençales. Potagers écocertifiés, ateliers artisanaux et liens étroits avec les producteurs locaux complètent cette immersion raffinée, entre nature, savoir-faire et art de recevoir.

Jean-André Charial

“ Je ne crois pas à un luxe
déconnecté du vivant ˮ


Votre site évoque « élégance, sobriété, respect de la terre et amour des hommes » comme valeurs fondatrices de Baumanière. Comment ces principes guident-ils aujourd’hui votre accueil ?
Jean-André Charial : Ces valeurs sont notre socle. L’élégance, pour moi, n’est jamais ostentatoire : elle se traduit par la simplicité du geste juste, du mot approprié. L’élégance est une question d’éducation. Le respect de la terre, c’est notre lien profond à ce territoire unique des Baux-de-Provence, que nous chérissons et protégeons. L’amour des hommes, c’est notre manière d’accueillir : sincère, attentive, humaine.
Dans la continuité d’un lieu « jamais figé mais en capacité de se renouveler », qu’est-ce qui vous inspire actuellement pour faire évoluer Baumanière, ce jeune octogénaire ?
Baumanière est une maison vivante. Je me nourris des échanges avec nos clients, de l’énergie créative de Glenn Viel, de ce que la nature nous souffle au fil des saisons. Aujourd’hui, je suis inspiré par le désir de transmettre : à mes équipes, à la jeune génération, à ceux qui feront vivre Baumanière demain.
Vous avez su reconquérir la 3e étoile avec l’arrivée de Glenn Viel : quelle importance accordez-vous à l’excellence gastronomique dans votre vision de l’hospitalité ?
La table est le cœur battant de Baumanière depuis mon grand-père Raymond Thuilier. L’excellence gastronomique n’est pas une finalité en soi, mais elle est le reflet d’une exigence, d’un respect du client. Elle incarne cette hospitalité française que nous défendons : généreuse, exigeante, mémorable.
Le domaine intègre ruches, potager bio, huile d’olive, miel… Comment liez-vous accueil haut de gamme et engagement environnemental ?
Je ne crois pas à un luxe déconnecté du vivant. Le haut de gamme, aujourd’hui, c’est savoir d’où viennent les produits, respecter les saisons, travailler main dans la main avec la nature. Notre engagement environnemental est une évidence, et nos hôtes y sont très sensibles.
Vous décrivez Baumanière comme « un art de vivre chaleureux et généreux ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
C’est la sensation de se sentir attendu, écouté, considéré. C’est le luxe d’un accueil sincère, non formaté. C’est l’attention portée au détail, sans rigidité. La générosité, elle se traduit dans une assiette, un sourire, un service attentif, mais jamais pesant.
Comment votre parcours familial, depuis votre grand-père Raymond jusqu’à vous, influence-t-il votre façon de transmettre et de perpétuer l’accueil ?
Mon grand-père m’a transmis l’amour du métier, l’exigence, le sens du détail. Il m’a aussi appris à regarder le client comme un invité. J’essaie aujourd’hui de transmettre ces valeurs à mes collaborateurs, comme on transmet un savoir-faire, un patrimoine vivant.
Pourquoi proposer autant d’expériences (chocolat, poterie, spa…) et en quoi enrichissent-elles le séjour ?
Ces expériences sont des prolongements naturels de notre univers. Elles offrent une immersion plus complète dans l’art de vivre à la française. Ce n’est pas une course à l’activité, mais une manière de proposer un séjour qui résonne avec les sensibilités de chacun.
Comment veillez-vous à maintenir une identité Baumanière commune dans chacun de vos établissements, tout en respectant les territoires ?
Chaque maison Baumanière a son âme, mais toutes partagent le même esprit : authenticité, excellence discrète, respect du lieu. Nous nous appuyons sur les ressources locales, les talents du terroir et surtout une même philosophie de l’accueil.
Comment définissez-vous le luxe aujourd’hui, en matière d’hospitalité ?
Le vrai luxe, c’est le temps. C’est aussi l’espace, la discrétion, l’écoute. Une expérience unique qui respecte le rythme et les attentes de chacun. Le luxe d’aujourd’hui, c’est aussi un engagement sincère pour l’environnement et le sens.
Comment se démarquer en 2025 face à l’offre exponentielle d’hébergement ?
En restant fidèle à son identité. En cultivant ce qui nous rend uniques, sans céder aux effets de mode. Et surtout, en misant sur l’humain : l’âme d’un lieu, ce sont ses équipes, son histoire, son engagement au quotidien.
Vous avez rapatrié la 3e étoile en 2020 à 39 ans : comment vivez-vous, aujourd’hui, cette reconnaissance au regard de votre vision de la cuisine ?
Glenn Viel : Avec humilité et responsabilité. Cette étoile, c’est une reconnaissance collective, celle de toute une équipe. Elle me pousse à aller plus loin, à chercher, à créer. Mais elle ne doit jamais devenir une cage : la cuisine doit rester vivante, libre, inspirée.
Vous dites vouloir « désacraliser les codes de la gastronomie ». Comment cela se traduit-il dans vos assiettes et votre service ?
Je veux qu’on s’amuse, qu’on soit surpris, qu’on vive quelque chose. Cela passe par des gestes inattendus, des associations audacieuses, un service décomplexé. L’idée, c’est de créer du lien, pas de l’intimidation.
La cuisine que vous proposez est qualifiée de « poétique » et « authentique ». Comment composez-vous cette harmonie ?
Tout part du produit. Je cherche la justesse, l’émotion. La poésie vient du détail, d’une évocation, d’un souvenir. L’authenticité, elle, est dans le respect du goût, dans la sincérité de l’intention.
Votre cuisine repose sur une démarche écoresponsable : potager bio, ruches, produits locaux… En quoi cela guide-t-il vos choix et votre créativité ?
L’écoresponsabilité n’est pas une posture, c’est une nécessité. Mes plats sont construits autour de cette idée de durabilité. Je travaille au plus près de nos producteurs, souvent en direct. Nos potagers, nos ruches, notre huile d’olive : tout cela fait partie intégrante de mon écriture culinaire.
Vous lancez un nouveau projet (Le 1812 à Maurice). Quelle est la chose la plus importante que vous souhaitez transmettre dans chacune de vos aventures ?
L’émotion. Chaque lieu a son langage, son identité, mais je veux qu’on y retrouve une même sincérité, un respect du terroir, une créativité joyeuse. Et surtout, cette envie de faire plaisir, de surprendre, de toucher.
Vous êtes juré de Top Chef, un visage médiatique. Que vous apporte cette casquette supplémentaire ?
C’est une formidable caisse de résonance. Cela me permet de transmettre, de valoriser le métier, d’encourager la nouvelle génération. Mais cela ne change rien à l’essentiel : je reste un cuisinier, un artisan.
La mémoire sensorielle est essentielle pour vous. Quel rôle le service, l’atmosphère et l’hospitalité jouent-ils dans cette expérience ?
Un plat ne vit pas seul. L’assiette, le décor, l’accueil, l’attention du service : tout participe à l’expérience. J’accorde une grande importance à la fluidité, à la cohérence de ce tout sensoriel.
Comment définissez-vous l’essence de votre hospitalité : service, créativité, partage ?
L’hospitalité, pour moi, c’est d’abord le partage. C’est donner un peu de soi dans chaque assiette. La créativité, c’est ce qui renouvelle l’émotion. Et le service, c’est le trait d’union : il relie tout cela dans un geste bienveillant.
Qu’est-ce que le mot “voyage” évoque pour vous ? Est-ce une évasion, une quête, un retour à soi, le business ?
Le voyage, c’est une ouverture. C’est ce qui nous remet en mouvement, qui bouscule nos repères. C’est autant une quête de l’ailleurs qu’un moyen de se retrouver.
Comment voyagez-vous ? Avec légèreté, avec curiosité, avec lenteur ?
Toujours avec curiosité. J’aime observer, goûter, comprendre. Et j’essaie de voyager de plus en plus lentement, pour vraiment absorber l’expérience.
Que mettez-vous toujours dans votre valise ? Un objet fétiche ? Une épice ? Un ustensile ?
Un carnet de notes. J’y écris mes impressions, des idées, des associations. Et souvent, une pincée de sel fumé… on ne se refait pas.
Avez-vous un refuge, un lieu caché où vous aimez vous retirer ?
Les Alpilles, tout simplement. Ce décor brut, ce silence, cette lumière… c’est mon ancrage.
Quelles y sont vos adresses préférées, celles que vous recommandez à vos proches ?
Je recommande toujours une balade dans les Baux, un arrêt au marché d’Arles et bien sûr une table à la Cabro d’Or pour une cuisine plus méditative. Et si on veut vraiment décrocher : un soin au spa de Baumanière, c’est l’idéal.
Mas de Baumanière
Les Baux-de-Provence
+33(0)4 90 54 33 07 | baumaniere.com

Glenn Viel

