Plus qu’un meuble, la bibliothèque se réinvente Façon cloison, écrin ou sculpture, elle incarne l’art de vivre sur mesure. Dans le domaine du sur-mesure, à chacun sa spécialité. Pour ma part, j’affectionne tout particulièrement la conception des bibliothèques.
Les années passent et pas un projet n’est identique. Murale ou filaire, massive ou subjective, avec ou sans banquette intégrée, elle peut sculpter l’espace, révéler la lumière ou se fondre dans un mur comme par magie. Entre esthétique et fonctionnalité, elle transforme l’espace qu’elle occupe en un volume élégant qui séduit et se laisse contempler.
Quand le rangement flirte avec la mise en scène
Souvent installée dans un salon ou une pièce dédiée au divertissement et au repos, la bibliothèque n’est pas juste un garde livre. On l’expose pour y piocher des instants personnels, mais aussi pour créer un décor visuel en constant mouvement. Les livres que nous lisons, les objets dont nous disposons parlent pour nous. Ils chuchotent sur notre mode de vie, nos idéaux et nos goûts.
Esthétiquement les bibliothèques peuvent emprunter plusieurs visages. Certaines se dressent comme une cloison, laissant passer la lumière tout en séparant deux espaces. D’autres s’encastrent dans un mur avec une évidence naturelle, comme si elles avaient toujours été là. Et puis il y a mes favorites : celles avec banquette intégrée nichée au cœur du meuble. Elles deviennent un refuge secret, un coin intime où l’on peut s’immerger dans un livre. Ces bibliothèques sont des scénographies à elles seules : lignes suspendues, volumes audacieux et proportions étudiées transforment le rangement en une harmonie singulière.
Un espace buffet fermé en partie basse avec
une belle bibliothèque en partie supérieure. Plaquage bois
de chez Unilin et peinture Little Greene.
Anouck Charbonnier, architecte d’interieur
Photo ©Sabine Serrad
Etagères murales Intervalle, design signé Guillaume Delvigne pour Ligne Roset
Library Collection Serre-livres Assouline
Une affaire de style et de proportions
Le style et les matériaux donnent le ton. Bois massif pour la chaleur, MDF laqué pour un rendu contemporain, métal et verre pour un esprit minimaliste. Il y a celles qui se veulent classique, à la française, d’autres plus en volume et en courbes, façon méditerranéenne, ou encore les sobres et architecturales. Quoi qu’il en soit, elles doivent respecter certaines dimensions ! Et oui l’espacement des étagères s’adapte au contenu : 25-30 cm pour les romans, environ 35 à 40 cm pour les « beaux-livres » ou BD, jusqu’à 45 cm pour les sculptures et collections volumineuses. L’éclairage quant à lui, intégré ou ponctuel, révèle les volumes et textures, surtout si un tableau ou des objets raffinés y sont exposés.
C’est Archi-beau !
C’est dans les détails que la beauté se révèle ! Dans le processus de conception d’un meuble, chaque élément doit être envisagé tant dans son potentiel vide que rempli. Ainsi, le fond de la bibliothèque doit contribuer à l’esthétique générale. J’affectionne particulièrement l’idée d’utiliser des matériaux luxueux, comme le zellige, qui, par son irrégularité et sa brillance, ajoute une profondeur visuelle fascinante. Les miroirs, quant à eux, apportent de la lumière et une illusion d’espace, multipliant ainsi l’impact visuel de la bibliothèque. Pour un style plus traditionnel, les panneaux texturés imitant le lambris confèrent une élégance inspirée de la décoration britannique. En revanche, pour ceux qui préfèrent une ambiance plus brute et naturelle, le mariage du béton ciré avec du bois ancien évoque la tendance Wabi Sabi, célébrant ainsi la beauté de l’imperfection et l’authenticité des matériaux. Chaque choix décoratif ne fait pas seulement partie de l’esthétique, mais contribue également à l’ambiance générale de l’espace, rendant chaque bibliothèque unique et personnelle.
