Entre média d’inspiration et marque de design, The Socialite Family incarne l’élégance du quotidien. Un univers singulier fondé par Constance Gennari, Parisienne, Milanaise et visionnaire.
Née en 2013 d’une intuition aussi simple que lumineuse, The Socialite Family devait d’abord raconter les intérieurs des familles d’aujourd’hui. Journaliste et passionnée de décoration, Constance Gennari voulait saisir la beauté des maisons habitées, celles où le style se mêle à la vie, au désordre et à la personnalité de leurs occupants. Dix ans plus tard, son média est devenu une référence, célébrant des foyers à la fois élégants, créatifs et profondément humains.
En 2017, l’observation s’est muée en création : The Socialite Family lançait sa propre ligne de mobilier et d’objets, pensée pour durer et « faire famille ». Constance avec ses mille idées à la minute y insuffle son double héritage franco-italien, son goût du détail, des couleurs franches, sa conviction qu’un meuble doit être à la fois beau et fonctionnel.
Dessinées à Paris, fabriquées en Europe, ses collections s’inspirent de la vie, de l’art et du design des années 1970. Aujourd’hui, la marque compte trois points de vente à Paris et une boutique à Lyon, où l’on retrouve cet esprit d’harmonie et d’audace qui signe chaque intérieur The Socialite Family, avec comme fil conducteur, le désir d’être vivant et inspirant.

“ J’aime les accidents, le choc des matières
et des contrastes de couleurs ˮ

Quelle est votre vision du salon, thème de ce numéro du BAM ?
Le salon, c’est le cœur battant de la maison, un lieu de circulation et d’échanges. Rien n’y est figé : il évolue au rythme des heures, des saisons, des vies. J’aime qu’on puisse y dîner, y travailler, y rêver, s’y asseoir au sol ou se retrouver autour d’un café.
Je le conçois comme une scène de la vie quotidienne, où le design doit accompagner la réalité plutôt que la contraindre. Les meubles y sont mobiles, pensés pour respirer et s’adapter. La table Tokyo, par exemple, en est une belle illustration : élégante, solide, capable d’accueillir aussi bien un repas qu’un dessin d’enfant. Le salon doit vivre, changer, surprendre, comme ceux qui l’habitent.
Est-ce que cette modularité est devenue votre signature ?
Oui, complètement. C’est même la philosophie de The Socialite Family. Le canapé Rotondo, par exemple, incarne cette idée : des modules arrondis, des poufs qui deviennent des angles ou des tables basses. Le salon n’est plus un espace figé mais une composition mouvante, poétique, libre.
Je conçois chaque meuble avec cette idée que rien ne doit être immobile. Les gens veulent pouvoir changer d’ambiance, d’usage, de lumière. C’est la même logique avec notre table Carlotta ou nos housses interchangeables. L’intérieur se met au diapason des saisons et des émotions.
Et aujourd’hui, à quoi ressemblent les familles que vous aviez envie de montrer ?
Les enfants ont grandi. Ils se construisent leur propre univers. Le salon, jadis central, devient plus fluide, plus libre. On revient à un esprit années 70-80, où l’on vit plus près du sol, avec des formes rondes et réconfortantes. Les gens aiment changer, selon les saisons : rideaux d’été, velours d’hiver…
La décoration est devenue aussi importante que la mode. Les intérieurs expriment les personnalités, les mélanges d’époques et de styles. On assemble un meuble de famille avec un tapis graphique, une pièce contemporaine avec un souvenir d’enfance. C’est ça, aujourd’hui, la modernité : un style habité.
Votre propre salon, qu’exprime-t-il de vous ?
C’est notre pièce à vivre, au sens littéral. Nous y travaillons, jouons, dessinons, discutons. Mon mari et moi y avons nos bureaux, mes enfants y font leurs devoirs. C’est un joyeux mélange de fonctions et de vies.
J’aime cette idée de « vivre ensemble » dans une même pièce. Le salon est le point d’ancrage de notre famille. J’y ai installé une moquette douce, après des années de béton ciré : j’avais besoin de chaleur, de douceur, de contact. J’aime m’y asseoir à même le sol avec les enfants ou le chien.
C’est une pièce foisonnante, avec des livres, des tissus, des objets, mais aussi de plus en plus épurée. Après des journées denses, j’ai besoin d’un espace où le regard se repose. C’est un équilibre entre énergie et calme, comme la vie que j’aime.
Vos photos montrent des intérieurs vivants, parfois avec du bazar. Un manifeste contre l’image parfaite ?
Absolument. Ce qui m’intéresse, c’est la vie qui circule. Un appartement témoin n’a aucun intérêt. Quand j’arrive chez les gens, je leur demande de ne pas tout ranger. Le désordre dit quelque chose : un livre ouvert, des miettes, un chat qui passe. C’est ça, la beauté.
Je ne travaille pas avec de grandes équipes : c’est un moment d’intimité. Je prends le temps de parler, de boire un café. Et petit à petit, la vie revient dans les lieux. C’est à ce moment-là que la magie opère.
The Socialite Family s’est ouverte à l’international. Quelles différences percevez-vous ?
Les intérieurs italiens me touchent particulièrement : lumière, audace, humour, avant-garde. À Milan, le design est une culture. En France, nous restons plus classiques, plus prudents. En Allemagne, le bois domine, en Scandinavie, c’est le minimalisme fonctionnel. Mais partout, le lien entre esthétique et vie quotidienne demeure central.

Comment est née The Socialite Family ?
Constance Gennari : Tout est parti d’une envie très simple : raconter la vie derrière les intérieurs. J’ai toujours été fascinée, enfant, par les magazines anglais que feuilletait ma mère, une esthète folle d’antiquités et de mise en scène. Je me demandais toujours qui vivait dans ces décors. The Socialite Family est née de ce questionnement : créer le lien entre un lieu et ceux qui l’habitent.
Le mot socialite, à l’origine mondain, je l’ai associé à la famille moderne : celle qui travaille, voyage, élève ses enfants différemment de l’éducation qu’elle a reçue. J’avais envie de montrer cela, cette liberté nouvelle des femmes, indépendantes, mères et entrepreneuses à la fois.
Quand j’ai lancé le site, il n’y avait pas de business model. Je montrais juste de beaux intérieurs, des histoires vraies, des âmes. Et puis des marques m’ont sollicitée pour créer du contenu éditorial. Peu à peu, j’ai compris qu’il y avait quelque chose à construire. Avec mon associée, Marianne Gosset, nous avons alors donné naissance à la marque.
Vous êtes parisienne, milanaise, mère, entrepreneuse, directrice artistique… comment ces vies nourrissent-elles votre regard ?
J’ai grandi dans un univers foisonnant, presque théâtral : rideaux lourds, cristal, vinyles des Doors mêlés à du baroque. Et de l’autre côté, un père milanais, plus minimaliste, d’une élégance absolue. Entre ces deux mondes, j’ai appris le goût du mélange. J’aime l’ancien, le vintage, les objets qui racontent. Chaque création naît souvent d’un objet trouvé, d’un meuble chargé de mémoire auquel je donne une seconde respiration. Ce regard hybride, à la fois latin et contemporain, guide tout mon travail : conjuguer la chaleur de l’émotion et la rigueur du dessin.



Parlons de votre boutique lyonnaise : comment s’inscrit-elle dans cette philosophie du salon ?
Lyon est une ville que j’aime profondément, un carrefour entre Paris et l’Italie. Ses intérieurs ont une élégance naturelle : de hauts plafonds, de beaux parquets, de grandes fenêtres. Notre boutique s’en inspire : chaleureuse, colorée, italienne dans l’âme.
C’est un peu un « salon à taille réelle » : tapis épais, bois, métal, velours. J’ai voulu que les visiteurs s’y sentent chez eux, qu’ils aient envie de s’asseoir, de toucher les tissus. Nous avons même créé des rideaux sur mesure pour les grandes hauteurs sous plafond lyonnaises. C’est la preuve que le salon, chez The Socialite Family, n’est pas un décor : c’est une expérience.
Votre devise est “faire famille”. Que signifie-t-elle pour vous ?
C’est un mot qui me touche profondément. Faire famille, c’est faire dialoguer les générations, les objets, les époques. Mélanger l’ancien et le nouveau, les styles, les matières. Je ne prône pas le total look : ce qui m’intéresse, c’est l’éclectisme harmonieux, le choc des genres.
Vos meubles sont pensés pour durer, traverser les générations…
Oui, tout à fait. Nous imaginons des pièces esthétiques et fonctionnelles, capables de vivre longtemps. Prenez la table Tokyo : un plateau en stratifié indestructible, des pieds laqués élégants. On peut y couper ses tomates, travailler, danser dessus si l’on veut. C’est une table belle et vraie, faite pour la vie.
L’Italie influence-t-elle votre travail ?
Totalement. J’ai besoin de couleurs, de matières, de sensualité. J’aime le relief, les contrastes, les “accidents” visuels. Comme un couturier, je travaille mes tissus : velours dévorés, jacquards italiens, rayures tressées. Il faut que chaque matière ait une personnalité. Fermer les yeux, toucher, sentir le relief.
J’aime les « accidents » : une rayure qui s’entrechoque avec un motif animalier, un corail qui se marie à un vert profond. La beauté naît du dialogue, pas de la perfection. Et c’est aussi cela, le salon : un espace d’émotions, de surprises, de rires.
Quel est votre meuble fétiche du moment ?
Triangolo. Une table basse en travertin, à la fois sculpture et objet du quotidien. J’aime sa solidité, sa beauté, sa simplicité. On peut s’y asseoir, y poser un livre, un verre, la déplacer au gré des envies. Elle incarne parfaitement notre philosophie : du design vivant, modulable, joyeux.
Et pour conclure, des nouveautés à venir ?
Oui ! Nous lançons en novembre une collection capsule avec Figaret : La Notte Prima, une série de chemises femme-homme inspirées des soirées d’avant les grands soirs. Un clin d’œil à cette élégance spontanée que j’aime tant.
Parce qu’au fond, The Socialite Family n’a jamais été qu’une histoire d’esthétique. C’est une histoire d’émotions, de transmission, de liberté. Faire famille, faire style, faire vie.
Boutique The Socialite Family
54 rue Auguste Comte, Lyon 2
@thesocialitefamily | thesocialitefamily.com